Oser faire confiance

Editorial de Armelle Tanvez, présidente de Communication publique, directrice de la communication de l'université de Strasbourg.

Au cœur des échanges entre les usagers et leurs institutions publiques, les professionnels de la communication savent les liens distendus, voient les communautés s’éloigner, entendent les interrogations, parfois les colères, les doutes, les coups de gueule comme les silences assourdissants. Nous écoutons les signaux faibles. Aucun de ces signes ne nous laisse indifférent. Et nous savons que si les murs ou les ponts s’effondrent, ils peuvent se reconstruire. Nous voulons re-tisser avec conviction des liens de confiance.

Patiemment, nous cherchons donc à rendre compréhensible la complexité et parfois le doute scientifique ou politique, nous travaillons à une communication publique durable, c’est à dire authentique, respectueuse, généreuse aussi. Nous ne cessons d’écouter, de chercher à améliorer les relations. Parfois, nous tâtonnons en osant l’expérimentation. Parfois, les réticences à prendre en compte ces signaux faibles nous laissent sans voix. Et parfois, aussi, nous nous réjouissons de la confiance que nous portent nos publics.

Parce que l’intérêt général est le ciment d’une République, nous nous efforçons, dans l’exercice de nos métiers, de convaincre que les modalités de communication sont une dimension stratégique de l’action publique. Si notre mission consiste à faire connaître, à promouvoir les actions publiques, à accompagner les changements, la raison et le cœur nous poussent résolument à favoriser les interactions entre les publics et leurs institutions.

Reconstruire, renouer, retisser la confiance ? Et si le vrai constat était : les institutions n’ont pas suffisamment confiance dans leurs citoyens, leurs publics. Et s’il fallait inverser le regard pour ouvrir de nouvelles perspectives ? « Pour nous tous » indique Sncf dans sa dernière campagne de promotion qui ose la diversité et parler des trains qui n’arrivent pas à l’heure. Oser l’authenticité pour redonner le sens du collectif et retisser les liens : nous voulons faire percevoir aux acteurs publics que la confiance est possible dès lors qu’on ne gomme pas les différences, que le consensus n’est pas l’absence de débats et qu’il suppose sans doute d’accepter – et de gérer – une forme de conflictualité tranquille !

Ce sont ces pistes qu’explore ce nouveau numéro de Parole publique, avec le regard et la contribution d’acteurs, d’experts, qui nous bousculent et nous invitent à nous réinventer.

Cet article a été publié dans la revue PAROLE PUBLIQUE n°28 de novembre 2021